Introduction à la sortie Pren-lo d’Aise du dimanche 20 mai 2018. Par Pierre ANDRE
À l’heure où les randonneurs croisent les grimpeurs, bien peu se soucient ou connaissent le patrimoine archéologique du rocher du Saint Julien.
Et pourtant, les très rares explorations de son passé préhistorique et historique, les découvertes fortuites ou raisonnées, nous renseignent de fréquentations si ce n’est d’occupations depuis la nuit des temps.
Cette sentinelle avancée du massif alpin fut et reste un point de repère dans le paysage. À ne pas en douter, les hommes de toutes les époques ont gravi ses pentes, sont partis à l’assaut de sa crête et nous ont laissé de nombreux témoins archéologiques, de constructions, « de traces de gonds, de fermetures, de trous de poteaux ou de calage de poutres etc. » (Girard, 2015) qui prouvent au moins des motifs d’intérêts particuliers pour ce rocher singulier et ses abords.
Nous devons aux frères Louis et Auguste Catelan – du Buis – pionniers de la Préhistoire locale, au début du XXe siècle, les toutes premières recherches et découvertes archéologiques. Ils ont, des jours et des semaines durant, cherché et fouillé la moindre faille, le moindre abri, ramassé, patiemment collectionné, répertorié et décrit (dans leurs archives) des dizaines de témoins archéologiques, proposé des hypothèses à propos des différentes périodes d’occupation du rocher et même dessiné à partir de simples tessons de poterie ce que devaient être les récipients d’alors.
Ils vont ainsi nommer les lieux de chacune de leur trouvaille par « convention personnelle » (Girard, 2004) : « la grotte du lierre », « la grotte des dents », « la grotte de la cuisine », « la grotte chapelle », « la citerne », « la grotte Mérindol » (Archives Catelan, 2000-2001), laissant ainsi le soin à leurs successeurs de reconstituer leur périple archéologique tout autour et dessus le rocher.
En 1950 c’est au tour du Docteur Claude Bernard (ancien « élève » des Catelan) d’apporter son lot d’informations. Avec l’aide de Y. G, il entreprendra un sondage sur le plateau, en pied de roche. Au fond de cette excavation sera mis en évidence un mur auprès duquel furent trouvés des « tessons de céramique commune…et deux monnaies romaines … » (Girard, 2005).
Depuis, hélas, plus aucune tentative de recherches archéologique ne verra le jour. Seule une patiente et laborieuse collecte de données (collections privées[1], archives, récits de mémoire, découvertes fortuites etc.) ont alimenté un essai de synthèse sur les témoins archéologiques de ce rocher sentinelle.
La Préhistoire Ancienne est représentée par un unique témoin, un racloir en silex de l’Homme de Néandertal, découvert fortuitement par un promeneur sur le flanc sud.
Sans transition, les premiers agriculteurs/bergers des périodes néolithiques (aux environs de – 5000 a.v J.C) ont marqué de leurs présences le rocher du St Julien et ses abords. Nombre de collections privées et, les découvertes des frères Catelan, sont riches de haches en pierre polie en serpentine, jadéite, d’objets en silex provenant du Mont Ventoux, de la vallée du Largue (Forcalquier), du dieulefitois et, d’éléments de poterie de la culture dite de « Fontbouisse » (Gard).
Sur le flanc nord, une zone plateau propose un ensemble dolménique et de fortes murailles en pierres sèches alors qu’une énorme faille sur le flanc sud laisse encore entrevoir les reste d’une chapelle romaine.
[1] Le mobilier archéologique découvert par les frères Catelan au St Julien, ou du moins ce qu’il en reste, est entreposé au Musée Calvet – Avignon et probablement, concernant une hache en bronze, au Musée associatif d’Histoire et d’Archéologie de Nyons et des Baronnies, à Nyons. Les autres collections privées et étudiées sont conservées par leurs propriétaires.
Bibliographie
GIRARD, Y., 2004 « Deux Préhistoriens des Baronnies : les Frères Catelan. » in Terres Voconces n° 6, pp. 15-24.
GIRARD, Y., 2015 « 4000 ans d’histoire du Buis et de la moyenne vallée de l’Ouvèze » Ed. Arcades 91 et les Amis de Mollans et du Val d’Ouvèze. 286 pages.
ARCHIVES CATELAN : CD Rom du Garde-notes Baronniard. Fonds Arlaud 2000 et 2001. Archives communales de Buis les Baronnies.